Auteur : Amélie Nothomb (belge)
Je viens de lire le roman.
Le titre du récit m’a surpris. Il n’a rien à voir avec son sujet. Dans le roman, quand on parle de faim, on veut dire faim d’amour, de mère, de connaissances, de nouvelles expériences, d’activités folles et tant d’autres choses.
On doit dire d’avance que la narratrice est le personnage du livre aussi.
Elle nous raconte sa vie d’enfance, d’adolescence, de jeunesse. Elle a suivi
ses parents là où ils sont allés – son père était ambassadeur de la Belgique -, au
Japon, en Chine, au Bangladesh -qu’elle décrit
comme une rue pleine de gens en train de mourir-, en Birmanie, à New York et puis, toute seule, elle est
allée en Belgique pour finir ses études, son pays d’origine qu’elle ne connaissait
pas du tout.
Elle a connu l’alcoolisme infantile ; l’anorexie –à quinze ans, pour un mètre soixante-dix, elle pesait trente-deux kilos- ; la boulimie, la potomanie – folie pour l’eau - ; asthme —fidèle compagnon de toute sa vie—, des tentatives de suicide… Elle a été esclave absolue du sucre, du vin, du champagne, des sucreries, d’absence de mère,…
L’auteur commence à nous raconter des choses sur la faim dans le monde et puis de sa faim individuelle. C’est
l’histoire d’une mélancolie.
On nous dit que Vanuatu, anciennement Nouvelles-Hébrides, c’est un archipel
océanien qui n’a jamais connu la faim.
Vous ne savez pas ce que c’est ça ! – finissent les trois hommes qui
racontent l’histoire de Vanuatu à l’auteur. Personne ne travaille parce qu’on a
partout de la nourriture.
L’absence de faim est un drame. Alors il n’y a pas d’appétit à Vanuatu.
C’est la nature qui s’occupe de tout.
La vie était une flânerie et ils manquent même d’une quête.
***
Le contraire de Vanuatu est la
Chine, la championne du ventre vide. Les chinois ont dû apprendre à manger l’immangeable.
Un chinois posse à un autre toujours la même question : As-tu
mangé ? Ils ont tout inventé, tout
pensé, tout compris, mais ils ont triché : ils avaient faim.
Vanuatu me fascine parce que j’ai le contraire : j’ai faim. J’ai lu – dit-elle
- sous la plume de Catulle : cesse de vouloir. La faim c’est vouloir. J’ai
faim de connaissances, de connaître mon corps et mon esprit, des gens, et
cetera.
Avoir du chocolat – nous dit-elle - c’était croire
en Dieu et se sentir en sa présence.
Amélie nous raconte aussi : Quand j’ai été scolarisée je suis allée à
une école japonaise (classe des pissenlits). J’étais la
seule-non nippone à l’école. Nous y chantions souvent. On doit savoir qu’elle
est née à Kobe (Japon).
Un jour, au quinze ans , je sentis que la vie me quittait. Je devins un
froid absolu. Ma tête accepta. Mon corps se révolta contre ma tête. Il refusa
la mort. Mon corps se leva, alla dans la cuisine et mangea. Ce fût la victoire
de l’organique contre le physique.
L’écriture y contribua aussi.
Critique littéraire :
Récit originel, difficile à imiter, par des épisodes brefs, à la portée des
étudiants étrangers avancés de français, qui invite à lire d’autres œuvres de
l’auteur, contenant des métaphores et des expériences alimentaires qui exposent
des réflexions existentielles.
L’auteur, qui est parfois politiquement incorrect, raconte des situations
réelles avec d’ingéniosité, de provocation et d’humeur.
En lisant le récit je me suis souvenu de l’école littéraire américaine qui
écrivait sur la base de brefs chapitres comme s’il s’agissait de séquences de
cinéma (Ernest Hemingway, John dos Passos, Sam Shepard, etc.).
J’ai trouvé le thème un peu faible. Moi, je reporte mon avis définitif sur
l’auteur jusqu’à la lecture d’un autre
roman malgré ma lecture antérieure de Stupeurs
et tremblements, autobiographique,
comme celui-ci.
Est-ce que c’est vrai tout ce qu’on raconte dans le récit où pas ? Ça
seulement l’auteur le sait.
Antonio Senciales, 2015
2 commentaires:
(de jeunesse) je ne suis pas attirée par les écrits d' Amélie Nothomb
Merci bien, Sylvie, pour me corriger le mot 'jeunesse'.
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